L’Hygiène Naturelle Infantile se base sur l’instauration d’une communication bienveillante avec l’enfant. Nous savons désormais que la maturation des sphincters vers 3 ans est un mythe. La pratique de l’HNI dans les sociétés traditionnelles continue de se transmettre de génération en génération naturellement et on répond aux besoins du bébé de jour comme de nuit. Il y a autant de manières de pratiquer l’HNI que de parents qui la pratiquent. Certains continuent d’utiliser des couches jetables ou lavables parallèlement. Il faut surtout être serein dans ses choix et dans son quotidien et ne pas aller au-delà de ses propres limites juste pour suivre un idéal.
1) Mes premiers pas avec l’HNI
En occident, nous avons souvent manqué d’exemples concrets dans notre entourage. Or la plupart de nos comportements sont inconsciemment mimés. Lorsque nous avons baigné dans un environnement où le bébé est porté en écharpe et est allaité pendant de nombreux mois, nous aurons plus tendance à reproduire ce comportement. C’est la même chose avec l’HNI. Cependant, en occident, cette pratique doit être réapprise et nos propres parents peuvent rarement nous épauler. Utilisez alors la modernité! Il y a des groupes Facebook et des blogs dédiés à l’HNI. Des ateliers sur l’HNI peuvent être proposés près de chez vous. J’ai lu deux très bons livres sur l’HNI et je vous les conseille : Conseils et astuces pour élever son enfant sans couches ou presque ! de Carine Phung et Sans couches, c’est la liberté ! d’Ingrid Bauer.
Le moment idéal serait de commencer avant les 4-6 mois du bébé. Mais rassurez-vous, il n’est jamais trop tard pour commencer. L’enfant ressent le besoin d’uriner ou de déféquer dès sa naissance. Si le parent ou l’adulte référent ignore les signaux qu’émet l’enfant, il apprendra lui-même à ignorer ses sensations et fera dans sa couche automatiquement.
Que l’on commence dès la naissance ou quelques semaines, voire mois après, les parents ont besoin d’une phase d’observation. Quelle est la fréquence des selles et des urines pendant la journée et la nuit ? Est-ce que j’ai remarqué des moments clés où le bébé aurait besoin d’éliminer ? Quelles sont les signaux émis par mon bébé ? Les repères vont évoluer avec l’âge de l’enfant. Généralement, on remarque assez vite quand le bébé a besoin d’aller à selles. Par contre, ce n’est pas facile, si son bébé porte une couche de voir quand est-ce qu’il urine. Osons laisser nos bébés nus ou en tenues lègères ! Ainsi, nous nous apercevrons plus rapidement de quand le bébé urine. Nous pouvons apprendre à détecter les signes avant-coureurs comme des mimiques ou des grognements. Et surtout notre bébé fait le lien entre ce qu’il ressent et la conséquence. Il soulage un besoin mais est mouillé s’il est allongé sur son tapis et qu’on n’a pas eu le temps de l’emmener au dessus des toilettes ou du lavabo.
2) Les 4 outils de l’HNI (selon Carine Phung)
1. Le timing : Lors de la phase d’observation, vous avez sûrement observé que votre bébé avait besoin d’éliminer à des moments clés de la journée. C’est finalement un peu comme l’adulte. Par exemple, le matin au réveil, après les repas ou la tétée, avant de dormir… Dans le cas d’un allaitement exclusif maternel, les 6 premiers mois, le bébé urine et va à selles pendant la tétée ou juste après. J’ai par exemple utilisé un petit pot chinois lorsque j’allaitais afin de récupérer directement les selles et les urines. Il est arrivé, entre les 2 et 4 mois de mon bébé, qu’il n’aille à la selle qu’une fois tous les 10 jours. Lorsque je l’installais sur son tapis d’éveil, je nouais un petit lange en coton et j’ai réalisé que mon bébé n’était pas un robinet ouvert. Il pouvait déjà rester 1h30 sans uriner. Donc les tétées rythment la fréquence d’élimination du bébé. Lors d’une alimentation au biberon avec du lait artificiel, l’émission d’urines et de selles se produit, le plus souvent, au milieu du biberon ou à la fin. En réalité, c’est assez logique. Lorsque nous nous alimentons, nous avons un réflexe gatro-colique qui permet de laisser de la place aux nouveaux aliments ingérés en poussant le contenu du colon vers la sortie. Mais ce serait trop simple si votre bébé n’urinait ou n’allait à selles qu’au moment du repas. En aiguisant votre observation, vous arriverez, avec le temps, à détecter les autres moments où votre bébé a besoin.
Vous remarquerez aussi des moments récurrents où votre bébé urine pendant la nuit. Et on rencontre souvent la bonne surprise que les mictions ne sont pas si fréquentes. Car l’hormone anti-diurétique (HAD) est sécrétée en plus grande quantité la nuit. Lorsque le bébé commence à manger des solides, la fréquence des repas diminue et donc le besoin d’éliminer des selles et des urines aussi. C’est un rythme différent à prendre. Les selles deviennent solides et moins fréquentes, le bébé urine aussi en moins grosse quantité. Et le bébé, en grandissant devient de plus en plus mobile.
2. Les signaux : Le langage verbal est, dans nos sociétés, très valorisé au détriment des autres types de communications qui sont pourtant souvent plus criantes de vérité. Un bébé n’a pas la capacité de formuler des phrases avant ses 2 ans. Mais avant cela, il communique avec son corps, des sons, des grognements, des pleurs, des regards… On parle de communication non verbale. Les signaux vont évoluer avec l’âge. Par exemple, la langue des signes peut être un outil intéressant pour communiquer avec votre enfant sur son besoin d’élimination.
3. La suggestion : Le parent ou la personne référente de l’enfant peut dire une phrase et toujours la même de préférence, ou un mot (pipi – caca) ou faire un son comme psssss ou tsssss… Vous pouvez aussi effectuer un geste et par exemple utiliser la langue des signes. Cette suggestion par un geste, une phrase, un mot ou un son, questionne le bébé sur son besoin et l’invite à relâcher ses sphincters au dessus des toilettes, le lavabo, le pot ou d’autres endroits dédiés.
4. L’intuition : C’est un peu comme un 6ème sens. L’instinct ou l’intuition ne sont pas non plus valorisés dans nos sociétés car ne semblent pas rationnels et pourtant il s’avère que c’est un outil qui peut aider dans notre chemin dans la parentalité. On « sent » en tant que parent si notre enfant va bien ou mal, on « sent » les gestes à apporter dans telle ou telle situation… Je pense que les parents devraient se faire plus confiance et écouter cette petite voix au fond de leurs têtes qui chuchotte des choses justes.
Les parents vont pouvoir se baser sur ses 4 outils complémentaires pour pratiquer l’HNI. Vous pouvez être inventif et trouver d’autres stratégies. Surtout, la communication doit rester bienveillante. Nous ne sommes pas dans une obligation de résultat. Dans le prochain paragraphe, je vais résumer les témoignages de trois mamans qui ont expliquer leur expérience avec l’HNI.
3) Témoignages de mamans racontant leur expérience avec l’HNI
Oriane : « La première fois que j’ai entendu parler d’Hygiène Naturelle Infantile, c’était dans un livre qui s’appelle « Le guide de mon bébé au naturel ». Dans ce livre, on y parle justement d’HNI et le chapitre s’intitule : « Et si vous ne mettiez pas de couches à votre bébé. » Et suite à l’article, nous nous sommes dit et pourquoi pas le réaliser avec Nicolas. On l’a mise en place très rapidement après la naissance. Après chaque tétée, on le mettait au dessus du lavabo et on avait régulièrement des selles et un pipi. Je ne pense pas que les couches lavables soient complémentaires avec l’HNI. Dans notre cas de figure, cela a été très compliqué de trouver nos couches. On voulait un système sans plastique. Quand on est parti en voyage, on avait emmené des couches mais on lui proposait systématiquement le pot ou les toilettes. Je trouvais que c’était difficile de voir les signes, à part les petits frissons qu’il pouvait faire avec son corps qui nous montrent qu’il a envie de faire pipi ou qu’il est en train de faire pipi. Ce qui nous a aidé est l’introduction de la langue des signes. On signe depuis longtemps les signes « pipi » et « caca » et là c’est flagrant, depuis qu’il a un an, il arrive à signer les deux signes. Le matin, au réveil, il vient nous voir, on se réveille tranquillement et il nous fait les signes « pipi » et « caca ». On l’emmène sur son pot et on a des selles ou des urines. On a introduit le pot lorsque Nicolas avait 9 mois. Il commençait à bien s’assoir et à être stable. Cela a été un succès. Nous sommes dans une vision de réduction des déchets en limitant très fortement l’usage du plastique. Et le fait de mettre Nicolas sur le pot associé à la langue des signes diminue l’utilisation de couches que ce soit des lavables ou jetables. On est à 2 couches par jour. La nuit, on en a une et la journée, c’est plus par sécurité. La crèche a bien pris notre fonctionnement avec les couches lavables et les signes. Après, à la crèche, cela fonctionne moins bien que chez nous. Nicolas, noyé dans le groupe, fait peut-être les signes mais les éducatrices ne doivent pas le voir. Il y a des périodes où ça fonctionne bien et des fois moins bien. Quand les couches sont sales, c’est du pipi. On n’a pas de caca depuis de très longs mois. C’est fort agréable quand on utilise des couches lavables. Mon entourage réagit très positivement. Tout le monde est surpris mais bienveillant. Les gens sont même plutôt intéressés. Cela suscite même de l’intérêt et on espère que cette démarche donnera envie à d’autres personnes. Je n’ose pas encore sortir sans couches avec Nicolas. Mais cet été, nous allons essayer. »
Sigrid : » J’ai connu l’Hygiène Naturelle Infantile en 2008. Je me souviens être allée à une soirée d’information sur le sujet et j’ai acheté le livre directement tellement que j’avais été impressionnée. C’était celui de Carine Phung, « Conseils et astuces pour élever son enfant sans couches ou presque ! » Je n’ai pas vu cette pratique dans ma famille. Mes cousines ont utilisé des couches lavables pour leurs enfants mais ne connaissaient pas l’HNI. Puisque j’avais été à cette soirée d’information avant d’être mère, j’ai pu la pratiquer avec mes deux enfants par la suite. Pour mon premier enfant, Victor, ce n’était pas aussi poussé qu’avec ma deuxième. On proposait à Alice les toilettes systématiquement à chaque changement de couche et on la laissait les fesses à l’air à la maison. J’ai attendu 8 semaines pour Victor avant d’oser pratiquer l’HNI. Pour Alice, cela a été possible presque juste après la naissance. Je pense que les couches lavables sont complémentaires de l’HNI. L’été dernier, ma fille avait alors entre 14 et 17 mois, on l’emmenait dehors à l’aire de jeux, juste en legging. On a eu de temps à autre des accidents mais globalement cela a bien marché. Elle a souvent fait pipi dans les buissons. Et quand le legging était mouillé et que les autres parents posaient des questions, j’expliquais que laver un legging revenait à laver une couche mais que pour Alice, c’est beaucoup plus confortable. Pour les sorties, je dois encore m’adapter. Elle a maintenant deux ans. Si elle fait pipi aux toilettes avant de sortir ou si elle est sur le point de s’endormir, on lui met un trainer. C’est une culotte en laine dans laquelle on peut accrocher un insert en coton. Est-ce une couche? Ou peut-être une couche fine? En tout cas, quand je communique avec Alice, je dis qu’on met le slip. Lorsqu’elle refuse de faire pipi ou si on sort longtemps, je lui mets une couche lavable. Pour nous communiquer son besoin d’éliminer, elle tapote l’index dans la paume de l’autre main (comme le signe encore de la langue des signes). Parfois, elle a un drôle de regard et on sait que c’est trop tard. Quand on lui propose d’aller aux toilettes, elle acquiesce souvent. Mais quand elle refuse, nous l’acceptons et on redemande plus tard. Je trouve que pratiquer l’HNI est plus respectueux, écologique et hygiénique. On a des accidents de pipi mais jamais de caca. On ne doit pas énormément essuyer et laver les fesses, c’est quand même chouette. La position est aussi plus physiologique et ça aide quand elle est constipée. À la crèche, au départ, j’ai bien tout expliqué mais je pense qu’ils sont débordés. On doit fournir les couches et vu la quantité qu’on nous réclame, je pense qu’Alice ne fait pas beaucoup aux toilettes. J’espère que ça ira mieux quand elle parlera ! Mais je suis quand même déçue. Dans mon entourage, les réactions sont variées. Je ne sais pas trop ce que pense mon père. Il ne dit rien. Ma mère était sceptique au départ mais commence à voir l’efficacité. Ma belle-soeur secoue à chaque fois la tête et nous lance de drôles de regards mais ne commente pas. Par contre, nos voisins qui ne connaissaient pas l’HNI étaient épatés et les autres qui connaissaient sont bien sûr encourageants. «
Sybille : « J’ai connu l’HNI avec une copine finlandaise-allemande vivant à Paris vers 2008. Dans ma famille, nous ne connaissions pas cette pratique. Mais grâce à cette amie, j’ai eu envie de communiquer avec mes deux enfants sur leurs besoins d’élimination. Pour ma première fille, nous avons commencé trois mois après la naissance et pour la deuxième à trois semaines. La nuit, les signes que je remarquais étaient une agitation et ma fille ne se rendormait pas tout de suite après la tétée. Si l’agitation persistait, je tirais le pantalon et c’était bien ça. Je proposais le lavabo ou les toilettes systématiquement après le réveil du matin, après la tétée du matin, avant et après un portage, quand j’y pensais. Des fois, quand je portais mes filles sur mes genoux, j’avais l’impression de sentir du chaud alors qu’il n’y avait rien. Je savais que je devais vite leur proposer d’aller aux toilettes. Des fois, elles poussaient pour me montrer qu’elles avaient envie d’aller à selles. Je trouve que j’ai développé grâce à l’HNI un lien plus étroit et beau avec mes enfants. Je voulais aussi consommer moins de couches et de plastique. C’est aussi très pratique. On change moins les vêtements, surtout l’été. Je faisais des stops pipi au coin de l’air de jeux. À la maison, je lave les fesses au robinet et je n’utilise pas de lingettes. Très rapidement, mes filles allaient à selles dans le pot ou au dessus des toilettes. C’est bien agréable quand on utilise des couches lavables. Lorsque ma grande a commencé la crèche a trois ans, elle était continente depuis longtemps. Je n’ai pas eu envie de faire garder mes bébés avant cet âge-là. Mon conjoint soutient cette pratique. Ma mère trouvait que je me compliquais la vie et me demandait si mes filles ne faisaient pas pipi partout. Mais en même temps, elle était intriguée et me demandait comment je faisais pour voir quand elles avaient envie d’uriner par exemple. Elle était impressionnée du caca dans le pot à 10 mois. Ma soeur était dégoûtée des urines et des selles dans le lavabo. Je pense que ce qui faciliterait la transmission de l’HNI est de voir d’autres parents le pratiquer et de se rendre compte que c’est aussi simple que de mettre des couches ou que c’est un bon complément. Et aussi d’apprendre avec d’autres parents à détecter les signes et de réaliser que les bébés se retiennent déjà naturellement. »
Je remercie les trois mamans d’avoir témoigné de leurs expériences avec l’HNI. Leurs expériences m’ont inspirée. J’ai eu envie, notamment grâce à elles de me lancer dans l’aventure avec mon deuxième enfant. Vous pouvez remarquer que chaque parent a sa manière de pratiquer l’HNI. ici, elles pratique l’HNI partiellement puisqu’elles continuent en parallèle d’utliser des couches. Elles parlent souvent d’un lien renforcé avec l’enfant et d’un impact environnemental moindre. On constate aussi qu’aucune de ses mères n’a connu l’HNI dans un cercle intra-familial. L’éducation se réalise encore beaucoup par les livres, les ateliers de parentalité et le bouche-à-oreille. Je vous invite à lire mes deux autres articles sur l’HNI en espérant que cela vous aura donné envie d’essayer.
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