Le choix du lieu d’accouchement dépend de son projet de naissance.
Est-ce que je veux un hôpital avec une néonatologie ? Est-ce que je voudrais une péridurale ? Est-ce que j’ai une pathologie de grossesse comme un diabète gestationnelle, une prééclampsie ou autres ? Est-ce que j’attends des jumeaux ? Est-ce que mon bébé est en siège ? Est-ce que je veux un accompagnement global en prénatal, perpartale et post-partum et le moins médicalisé possible ?… Et encore plein d’autres critères vont vous orienter vers un lieu d’accouchement spécifique. Dans des cas plus rares, la femme peut vivre un accouchement inopiné. C’est à dire que le bébé arrive beaucoup plus vite que prévu et c’est dans cette situation que des femmes appellent les pompiers car elles ont accouché dans leur cuisine ou leur salle de bain. Nous considérons généralement que ces accouchements se passent sans complications.
Je vais décrire les lieux d’accouchements du moins médicalisé au plus médicalisé sans vouloir vous orienter car votre situation est unique et seule vous, sentez ce qui vous correspond.
1. À la maison
Eh oui en Allemagne , il est possible d’accoucher à la maison en toute légalité contrairement à la France où les sages-femmes n’ont pas la possibilité de s’assurer professionnellement.(Ce qui est, à mon sens, un scandale.) La femme doit avoir des alternatives pour accoucher et les études¹ montrent que l’accouchement à la maison est aussi sécurisant qu’un accouchement à l’hôpital.
Évidemment, les femmes pouvant accoucher à la maison sont des femmes ayant une grossesse sans complications et sont donc considérées « à bas risque ». Donc la grossesse doit se dérouler physiologiquement (donc absence de pathologies de grossesse), le bébé doit être en position céphalique (donc la tête en bas), le poids doit être dans les normes, la femme doit avoir profondément envie d’accoucher à la maison et si elle hésite au dernier moment, elle peut toujours décider d’aller à l’hôpital. C’est aussi pour cela qu’un enregistrement à l’hôpital le plus proche est obligatoire. La sage-femme qui accompagne la maman sur le point d’accoucher sait détecter les anomalies et joue bien sûr la carte de la sécurité. Le transfert à l’hôpital est toujours une éventualité. Les couples qui décident d’accueillir leur bébé à la maison préparent un environnement propice à l’arrivée en douceur de leur bébé. La lumière est tamisée et des bougies peuvent être allumées, la femme choisit la pièce où elle veut accoucher, est libre de ses mouvements pendant toute la durée du travail, choisit la position lors de la naissance et est beaucoup plus instinctive. Le père se pose moins de questions sur son utilité et laisse libre cours plus facilement à ses émotions.
À Munich, il n’y a pas énormément de sages-femmes qui pratiquent l’accouchement à la maison alors si vous êtes déterminée, faites vos recherches dès le test positif de grossesse. La sage-femme vous proposera un accompagnement global, comprenant un suivi prénatal en collaboration avec le gynécologue, l’accompagnement de l’accouchement et les visites dans le post-natal. Les assurances professionnelles en Allemagne, pour les sages-femmes qui accompagnent les accouchements augmentent chaque année. Le montant, à partir du 1er juillet 2020 sera de 11371,02 Euros par an. J’ajoute également que dans le plupart des hôpitaux, les sages-femmes ne sont pas salariées et doivent payer cette assurance elles-mêmes. (Nous constatons une réelle volonté politique de freiner l’autonomie des sages-femmes.)
Je voulais aussi faire un petit clin d’oeil à la Hollande, pays de référence pour l’organisation des soins de santé obstétricaux. Les femmes ayant des grossesses considérées à bas risque accouchent à la maison avec deux sages-femmes. C’est uniquement, les femmes considérées avec un haut risque obstétrical qui accoucheront à l’hôpital. Si une femme, sans indication particulière, veut accoucher à l’hôpital, elle devra payer l’hospitalisation et les soins médicaux elle-même. 30 % des femmes accouchent à la maison en Hollande.
¹ Eileen K. Hutton, Angela Reitsma, Julia Simioni, Ginny Brunton, Karyn Kaufman. Perinatal or neonatal mortality among women who intend at the onset of labour to give birth at home compared to women of low obstetrical risk who intend to give birth in hospital: A systematic review and meta-analyses. EClinicalMedicine, 2019;

naissance à la maison, janvier 2019
2. À la maison de naissance ( das Geburtshaus)
La maison de naissance est une structure autonome gérée par des sages-femmes. C’est un lieu non médicalisé. Les femmes sont accompagnées pendant la grossesse, lors de l’accouchement et pendant le post-partum. La philosophie qui en ressort est l’accompagnement global de la femme, du couple et de la famille afin d’apporter un sentiment de sécurité médical et émotionnel.
Deux maisons de naissance existent à Munich :
– Geburtshaus München, Fäustlestraße 5 80339 München
– Geburtshaus an der Theresienwiese, Lindwurmstraße 92a, 80337 München
Pour s’inscrire, vous devez vous y prendre dès le premier trimestre. Dès votre test positif, renseignez-vous des dates des réunions d’information (Infoabend). Il faut venir impérativement avec son partenaire. Lors de ce premier contact, vous sentez directement si vous avez envie de poursuivre dans cette voie ou non. Si vous décidez de vous inscrire à la Geburtshaus, prenez rendez-vous directement le lendemain de l’infoabend. La première consultation a lieu avant les 12 semaines d’aménorrhée. Le suivi prénatal physiologique peut être réalisé intégralement par les sages-femmes, sauf les échographies. Je vous encourage fortement d’accepter ce suivi prénatal par les sages-femmes afin de tisser une relation de confiance. Les sages-femmes travaillent en équipe et les gardes durent 24 heures. Le but est que vous ayiez rencontré toutes les sages-femmes de l’équipe avant votre accouchement. Ainsi vous vous sentirez en confiance le jour J.
J’ai accouché à la Geburtshaus Fäustlestraße. Donc je peux vous raconter brièvement mon expérience. J’ai été littéralement bouleversée par cette aventure et ce plein d’humanité. Nous nous sommes rendus avec mon mari à l’infoabend vers 10 semaines d’aménorrhée. J’étais personnellement convaincue que je voulais accoucher là si ma grossesse se déroulait physiologiquement. C’était plutôt mon mari qu’il fallait convaincre. Les questions des partenaires étaient beaucoup axées sur les statistiques de transfert vers l’hôpital par exemple. Le lendemain de l’Infoabend j’ai téléphoné la Geburtshaus pour obtenir un rendez-vous pour l’inscription. J’étais sur liste d’attente mais heureusement j’ai pu obtenir une place très rapidement. J’avais déjà commencé un suivi chez le gynécologue mais je voulais me faire suivre en prénatal par des sages-femmes. Les consultations durent 1 heure et on parle de tout, de la grossesse, de l’alimentation, du couple, des enfants… Le suivi est bien sûr médical mais une grande place à l’expression émotionnelle est consacrée. Le jour de mon accouchement, j’ai été accueillie vers 4h30 du matin avec les bougies. La chambre était accueillante. Tout était prêt à l’accueil de mon bébé, l’écharpe suspendue au plafond était déroulée, il y avait des protections par terre si je voulais accoucher accroupie, le ballon était à ma disposition, on me proposait des massages et des bouillotes pour mettre dans le bas du dos, on proposait du café à mon mari, il y avait d’autres boissons sur la table de chevet… Bref, c’était comme à la maison. J’avais emmené ma musique pour me plonger dans ma bulle. J’ai demandé vers 8h à aller dans la baignoire. Quel bien-être indescriptible, d’être immergée et portée par l’eau chaude. Mon bébé est né à 13h11 dans l’eau comme j’en ai toujours rêvé. Je crois que le cordon n’a jamais été clampé. La délivrance du placenta s’est déroulée spontanément. Cette expérience m’a prouvé mon côté « femme puissante » et capable d’enfanter. Je me suis sentie profondément respectée dans mes choix, par ce contact avec les sages-femmes qui n’étaient pas intrusives et j’ai toujours vu dans leurs yeux de la confiance bien que mon ventre était énorme et que mon bébé faisait 4,310 grammes à la naissance.
J’ai voulu vous raconter mon récit d’accouchement car la maison de naissance est trop peu connue des françaises. Quand la confiance est cultivée pendant toute la grossesse et que le jour de l’accouchement, les sages-femmes sont bienveillantes et présentes émotionnellement et qu’on peut laisser notre côté animale s’exprimer, le sujet de la péridurale n’a souvent pas lieu d’être.
3. À l’hôpital
Ce fut une agréable surprise de voir qu’à Munich toutes les maternités sont très bien équipées. Les salles d’accouchement sont souvent spatieuses, des ballons sont à disposition, des écharpes sont suspendues … et surtout on y trouve des baignoires d’accouchement. Donc Accouchement à l’hôpital ne rime pas forcément avec hypermédicalisation. Il est toujours possible de vivre le travail dans la baignoire et presque toutes les maternités acceptent théoriquement l’accouchement dans l’eau.
Je vous conseille de rédiger un projet de naissance. Cela montre que vous avez réfléchi aux alternatives qui s’offriront à vous le jour J.
Le choix de l’hôpital dépend de votre adresse, de votre projet de naissance ou si votre accouchement est considéré à haut ou à bas risque. Dans le cas d’une grossesse pathologique par exemple, il vous sera conseillé d’accoucher dans un hôpital avec une néonatologie. Vous pourrez trouver certaines statistiques sur internet comme le nombre d’accouchements par an avec le nombre de césariennes. L’état des chambres et des services hôteliers durant le postpartum peut aussi être un critère décisif.
Allez aux réunions d’information, afin de voir les locaux, les sages-femmes et de pouvoir poser vos questions. Demandez aussi combien il y a de sages-femmes par garde et combien de patientes elles prennent en charge au cours de cette même garde. Si on vous dit qu’une sage-femme s’occupe en moyenne de trois patientes. Vous serez certainement bien prise en charge sur le plan technique mais pas forcément sur le plan émotionnel. La doula peut être d’un grand soutien puisque vous aurez pris contact déjà pendant la grossesse, que vous aurez élaboré ensemble un projet d’accompagnement et qu’elle saura comment vous guider et vous soutenir pendant le travail. La doula continue aussi son travail d’accompagnement en postnatal.
Je vais mettre les adresses des maternités (Kreißsaal) par ordre alphabétique.
– Dr Geisenhofer, Hirschauer Str.8, 80538 München
2500 naissances / an
https://www.geisenhoferklinik.de/zentren/geburtshilfe/ueber-uns/
– Dr Lubos, Schmiedwegerl 2-6, 81241 München
700 naissances / an
https://www.lubos-kliniken.de/fachbereiche/geburtshilfe/informationsabende-fuer-werdende-eltern/
– Dritter Orden, Menzinger Str. 44, 80638 München
https://www.dritter-orden.de/patienten-und-besucher/geburt-am-klinikum/index.php
– Großhadern, Marchioninistr. 15, 81377 München
– Harlaching, Sanatoriumspl. 2, 81545 München
2300 naissances / an
– Helios, Steinerweg 5, 81241, München
1000 naissances / an
– Schwabing, Kölner Pl. 1, 80804 München
2300 naissances / an
https://www.muenchen-klinik.de/krankenhaus/schwabing/frauenklinik/geburtshilfe-geburtsklinik-geburt/
– Maistraße, Maistraße 11, 80337 München
2400 naissances / an
– Neuperlach, Oskar-Maria-Graf-Ring 51, 81737 München
1300 naissances / an
– Rechts der Isar, Ismaninger Straße 22, 81675 München
2000 naissances / an
https://www.mri.tum.de/geburtshilfe-und-perinatalmedizin
– Rotkreuzklinikum, Taxistr. 3, 80637 München
3750 naissances / an
https://rotkreuzklinikum-muenchen.de/medizin-und-pflege/geburtshilfe/geburt.php
Je vous souhaite un bel accouchement et une formidable rencontre avec votre bébé
Laura, sage-femme
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