Mon expérience avec l’Hygiène Naturelle Infantile HNI

L’HNI est le sigle employé pour « Hygiène Naturelle Infantile ».

Ingrid Bauer est une écrivaine canadienne et a publié son premier livre sur l’hygiène naturelle infantile en 2006, Sans couches, c’est la liberté!   Elle a inventé et utilisé les termes suivants pour parler  de cet angle de parentage : Elimination communication (EC), Infant Poty Training (IPT), Elimination Timing (ET) Diaper Free ou Natural Infant hygiene (NIH). En allemand, on parle de Windelfrei.

L’HNI consiste à apprendre à observer son bébé et notamment dans son besoin d’éliminer (selles et urines), de répondre aux signaux qu’il émet et de lui proposer le pot ou le mettre au dessus de l’évier ou des toilettes. Cette méthode peut être utilisée dès la naissance.

Ingrid bauer définit l’HNI comme « une façon douce, pratique et pleine de compassion de s’occuper des besoins d’élimination de son bébé dès sa naissance. Plutôt que d’apprendre à un bébé à éliminer dans ses vêtements les plus intimes et de nettoyer ensuite, les mères et les pères apprennent à écouter et à répondre dans le moment présent aux besoins et à la communication de leur bébé. L’observation et un lien étroit unissant le bébé et ses parents aident ceux-ci  à comprendre les signaux de leur bébé, son langage corporel et son rythme. (…) Lorsque le bébé a besoin de faire, le parent le soutient dans une position confortable au-dessus d’un endroit approprié et fait un son suggestif ( par exemple  un « sss » très doux). (…) Cette ancienne et douce  pratique est la manière la plus commune de s’occuper des besoins d’hygiène d’un bébé dans le monde non-occidental. »

La première fois que j’ai entendu parler d’HNI, c’était il y a 6 ans. Une collègue de travail m’expliquait qu’en Chine par exemple, les bambins avaient des pantalons troués au niveau des parties génitales et qu’ils s’accroupissaient pour faire leurs besoins. Puis en Allemagne, j’ai entendu le témoignage de mamans expliquant que très tôt, par exemple vers 6 mois, leurs bébés ne faisaient caca uniquement au dessus des toilettes ou dans le pot et qu’elles arrivaient aussi à reconnaître les signaux pour les urines. Et j’ai testé cette communication sur l’élimination moi-même avec mon dernier garçon.

Cette « méthode », non coercitive et respectueuse n’est pas utilisée dans le but de rendre l’enfant continent le plus tôt possible. En revanche, cette approche fait partie du maternage proximal et fait appel un peu plus à notre instinct animal. Lorsque nous observons les animaux dans la nature, les petits apprennent très vite qu’il y a des endroits spécifiques où faire leurs besoins et ils n’apprécient pas être souillés de leurs urines et excréments. C’est aussi une question de survie pour beaucoup de mammifères. Lorsqu’on parle d’HNI, les gens nous regardent avec des yeux écarquillés. Et pourtant, il n’y a rien de novateur. Cette méthode est utilisée depuis la nuit des temps. Et dans les sociétés traditionnelles ou pauvres, les parents n’ont pas les moyens de payer des couches pendant plusieurs années. C’est vrai que cette approche est plus facile à mettre en place si au moins un des deux parents bénéficie d’un congé parental long. Car il faut être disponible. En revanche, dans les sociétés traditionnels, le « village » est présent et la charge de l’enfant est partagé naturellement avec les frères et soeurs, grand-parents,voisins…

j’étais convaincue et très motivée d’utiliser les couches lavables avec mon bébé. Je ne me suis jamais dit que je voulais pratiquer l’HNI mais cette approche m’a semblé absolument naturelle. Pendant ma grossesse, j’ai lu un livre sur le portage et un chapitre décrivait l’HNI. Je me questionnais beaucoup sur les méthodes de maternage et l’HNI m’a semblé logique. Gérer l’élimination de son bébé est au coeur des soins primaires. J’ai acheté un paquet de couches jetables pour les 10 premiers jours de vie de mon bébé. Il fallait que je me remette de mon accouchement et sortir de ma zone de confort mobilisait beaucoup d’énergie. Le plus dur est d’oser et de commencer. Je ne me suis imposée aucune pression par rapport à l’HNI. Cette méthode s’est imposée naturellement à moi. Lorsque j’enlevais la couche, je pliais un lange en coton autour des parties génitale et cela m’a permis de voir quand mon bébé avait besoin d’uriner ou d’aller à selles. J’ai allaité exclusivement (donc à 100%) jusqu’à 5 mois, moment où on a instauré la diversification alimentaire. Durant les trois premiers mois, il y a eu des phases où bébé allait systématiquement à selles après l’allaitement. Je lui proposais donc le pot chinois. Puisque le lait maternel comprend peu de déchets, c’est arrivé plusieurs fois que mon bébé n’aille pas à selles pendant 10 jours. Il ne faut pas s’inquiéter. Si le bébé ne montre pas de signes d’inconfort, cela montre qu’il a bien assimilé le lait maternel et que son corps, à ce moment là, n’a pas besoin de rejeter de substances. Je ferai un autre article sur les couches lavables et l’allaitement car ce sont des sujets vastes.

Lorsque mon bébé ne savait pas encore se retourner et restait beaucoup allongé, je mettais des serviettes de toilette dans le salon et je le laissais, nu ou juste avec un petit lange en coton noué. Puis dès 5 mois, je lui mettais des culottes en tissu. Bien sûr, il ne faut pas avoir peur des accidents de pipi. Mais je suis convaincue que mon bébé a très vite fait le lien entre le relâchement des sphincters, l’élimination de l’urine ou des selles et un certain inconfort si je ne le remettais pas au sec immédiatement. Les premiers signes que mon bébé me montraient lorsqu’ils voulaient uriner par exemple étaient qu’ il poussait un certain cri et réalisait des mouvements circulaires avec ses pieds. Lorsque mon bébé commençait à pousser, j’avais généralement le temps de l’emmener au dessus des toilettes ou du pot. Quand mon bébé a su bien s’assoir, donc vers 8 mois, j’ai commencé à utilisé un pot classique. Je voulais ajouter que l’HNI est plus pratique à utiliser l’été. Si on a un jardin ou une terrasse, nous pouvons plus profiter de l’extérieur et si nous sommes sortis de la maison, c’est possible de faire faire les besoins de son bébé contre un arbre par exemple. En hiver, j’utilise des pantalons, genre jogging pour mon bébé. Je ne peux pas le laisser en culotte sur le carrelage car il aurait froid et le jogging est rapide et facile à enlever. Je n’utilise pas non plus de bodies à la maison. Le body est pratique pour tenir la couche et dans mon cas, je l’utilise quand je sors et lors de la sieste ou la nuit. Cependant, le climat n’est pas non plus une entrave à l’HNI. Les Inuits pratiques l’HNI depuis la nuit des temps. Les bébés sont portés, nus, près du corps de leurs mères. Donc, la pratique de l’HNI est directement liée à d’autres pratiques de maternage proximal comme le portage, l’allaitement et le co-dodo car permet une communication optimale entre le bébé et la mère et d’autres personnes s’occupant intimement du bébé.

Mon bébé a maintenant 13 mois. Et depuis ses 8 mois, il fait systématiquement ses selles dans le pot. C’est à chaque fois un cadeau pour moi car nous avons une communiaction de qualité. En plus, cela m’allège en travail car j’utilise peu de couches lavables ( environ 1 par jour et 1 la nuit). Et je suis fière de voir que cette approche fonctionne et que mon bébé est connecté à son corps.

Je vais vous expliquer ma routine, par exemple une journée où je ne sors que l’après-midi.

– Mon bébé se réveille vers 7h30-8h. Je lui propose le pot. Il urine généralement. Je lui mets un pantalon de jogging.

– Puis je l’allaite. Il doit être 8h15 et ce moment de câlin et de complicité dure environ 30-40 minutes. Environ 15 minutes, après l’allaitement, je lui repropose le pot. Il urine aussi.

– Nous mangeons notre petit déjeuner ensemble vers 9h. Il mange comme moi, du pain ou de la brioche et je lui donne de l’eau. Je lui propose le pot après manger mais parfois il refuse alors je ne force pas. Je le laisse en pantalon. Il joue.

– Vers 10h-10h30, je lui repropose le pot, il peut aller à selles et uriner à ce moment là. Je remarque que quand il a envie, il me suit dans la maison. Il ne marche pas encore mais il se déplace assis ou il rampe. Nous avons commencé la langue des signes à ses 6 mois et je suis en train en ce moment d’introduire le signe de « pipi » et « caca ».

– je lui mets une couche lavable pour sa sieste, donc vers 10h30-11h. Lorsqu’il se réveille, je suis parfois surprise de voir que la couche est sèche. Ce n’est pas la majorité des cas. Mais lorsque cela arrive, je lui propose le pot et il urine.

– Vers 12h30, nous mangeons le repas. Et je sais que mon bébé aura besoin d’aller à selles après le repas. Il sait d’ailleurs bien me le montrer en poussant un cri particulier et en s’agitant.

– Nous sommes en hiver actuellement (janvier) et je lui mets une couche systématiquement pour nos sorties. Si nous partons tout l’après-midi, tout dépend du lieu où nous allons, si je peux, je le mets au dessus des toilettes. Mon bébé mange un goûter léger l’après-midi. Pour être honnête, c’est rare que cela marche. Je sais par contre qu’il va attendre d’être à la maison pour aller à selles. En fait, dans son rythme biologique, il va aller à selles le soir après le repas.

– Au retour de la maison, je lui repropose le pot et je le laisse sans couche, juste en pantalon, il joue avec son frère jusqu’au repas du soir.

– Après le repas, il peut montrer des signes d’agitation, je le mets sur le pot. J’ai systématiquement des urines et des selles. Je le laisse après sans couche si le timing nous laisse le temps de jouer. Sinon, je lui mets une couche lavable pour la nuit et je l’allaite pour l’endormir. Je n’ai jamais de selles la nuit et depuis très longtemps., e pense que je n’ai pas de selles la nuit depuis la diversifications alimentaires.

J’essaie de vous montrer une de mes routines. Je ne suis pas à cheval sur les horaires. C’est plus pour vous donner un ordre d’idée. C’est vrai que le partenaire et nos invités doivent accepter que le pot soit dans le salon. Jusque là, je n’ai pas de problème. En lisant ma routine, vous pouvez trouver cela lourd mais je vous assure, je me sens allégée de concilier ces méthodes de couches lavables et d’HNI. Et mon bébé m’encourage à continuer. Il est à l’aise et à l’écoute de son corps et libre de ses mouvements. L’HNI est facile à réaliser et peut être concilié avec le travail. Je peux comprendre que la nounou ou la crèche ne puissent pas continuer l’HNI mais rien ne vous empêche d’observer et de proposer à votre bébé le pot avant de partir et au retour à la maison. Je vous fais part de mon expérience. Dans un autre article, j’aimerais récolter des témoignages de mamans qui réalisent l’HNI depuis la naissance ou quelques semaines après. Cet article a pour vocation de vous montrer que cela existe que ce n’est pas une montagne non plus. Je ne suis pas dans le jugement et chacun fait ce qu’il peut en fonction de son histoire, son temps et ses envies.

Mon Bébé a 14 mois et je viens de compléter l’article car entre temps j’ai lu deux livres sur l’HNI et je vous les recommande :

  • « Sans couches, c’est la liberté ! », Ingrid Bauer, 2006
  • « Conseils et astuces pour élever son enfant sans couches ou presque ! », Carine Phung, 2009

Je me suis rendu compte que nous pratiquions l’HNI partiellement. Je ne gère pas du tout les besoins d’élimination de mon bébé la nuit. Je n’y ai, à vrai dire, pas pensé. Pourtant pendant l’allaitement exclusif et lorsque j’allaitais la nuit jusqu’à ses 5 mois, je pense que cela aurait été facile de proposer à mon bébé de faire ses besoins. Actuellement, mon bébé ne dort plus dans ma chambre et dort très bien toute la nuit. Je sens mes limites actuelles. J’ai besoin de dormir des nuits complètes car j’ai vraiment souffert, comme beaucoup de parents, du manque de sommeil. Je lui mets une couche lavable la nuit. Mon bébé a 14 mois et il est continent la journée. Pour des petites sorties, je ne lui mets même plus de couches. Si les sorties vont durer en moyenne 2 heures, je mets un insert de couche lavable dans son pantalon au cas où et pour les sorties plus longues, je vais utiliser des couches lavables car malheureusement, mon bébé refuse depuis récemment les toilettes de l’extérieur.

Je vais écrire un prochain article, plus théorique sur le fonctionnement des sphincters, les études scientifiques qui nous influencent en occident et les astuces pour se connecter avec son bébé dans la réponse de ce besoin d’élimination. J’espère que cet article vous donnera envie d’essayer cette aventure de l’HNI.

Laura, sage-femme

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