Chercher et trouver une sage-femme : Une épreuve en Allemagne

La profession de sage-femme est une profession en souffrance, par le salaire insuffisant, les horaires décalées, la responsabilité croissante, le coût élevé des assurances… Les gens commencent à s’en rendre compte en voulant chercher une sage-femme pour le Wochenbett et trouvant porte close. Pourtant, c’est une excellente idée de pouvoir accompagner les parents, souvent loin de leur propre famille. En théorie, la sage-femme peut visiter les parents à domicile les 12 premières semaines après la naissance du bébé. Lorsque la femme allaite, elle peut contacter la sage-femme pendant toute la durée de l’allaitement et ces consultations sont intégralement prises en charge par les assurances santé.

La pénurie des sages-femmes se ressent aussi en salle d’accouchement. Les hôpitaux à Munich sont bien équipés. Des efforts ont été faits pour proposer à la parturiente (femme en travail) du matériel pour mieux vivre la douleur comme des baignoires, des ballons et des écharpes suspendues.

Mais qui va surveiller le déroulement du travail sachant que pour un premier bébé, une femme aura environ 12 heures de travail? Ce sont des sages-femmes.

Mais quand il n’y a pas assez de sages-femmes, qu’est-ce qu’on fait? La maternité doit fermer des salles d’accouchement. Donc une femme peut être transférée dans un autre hôpital alors qu’elle s’était inscrite dans un hôpital précis.

Puis parlons de la dimension de l’accompagnement humain. Nous savons qu’un accouchement sans complications est déterminé d’abord par un sentiment de sécurité. La femme pour lâcher-prise et s’ouvrir doit se sentir en sécurité. La base de l’accompagnement par une présence, une main tendue, un massage a une valeur inestimable. Le recours à la péridurale est moins fréquent si la femme est accompagnée dans la douleur et encouragée lors des contractions. La péridurale est une prouesse médicale permettant de n’endormir que la partie inférieure du corps. La femme est consciente et accouche sans douleur. Mais si nous nous intéressons à la dimension psychologique et spirituelle, l’accouchement est aussi un rite de passage et une marque forte du changement de statut, de la femme à la mère. J’ai rencontré des mamans qui avaient eu un accouchement sans douleur, grâce à leur péridurale mais gardait un sentiment amère d’être passée à côté de leur propre accouchement. C’est pour cela qu’il est important pendant la grossesse de participer à des cours de préparation à l’accouchement afin aussi de se poser les bonnes questions et voir ce qui correspond le mieux à sa vision. Je ne fais pas ici le procès de la péridurale qui parfois résoud des situations difficiles comme un travail d’accouchement long, un col qui reste tendu et où la dilatation n’évolue pas… Après, je remarque aussi que la péridurale a été utilisée comme un outil de gestion du personnel. On remplace des sages-femmes par des péridurales. Ainsi la sage-femme peut s’occuper de 3 ou 4 patientes en même temps. C’est vrai que lorsque la femme n’est pas analgésiée, elle aura besoin d’une présence presque constante et va passer par différentes phases, comme la phase de désespérance vers 8-9 cm.

J’ai aussi remarqué à Munich que le suivi prénatal était délaissé par les sages-femmes. Comme je l’ai dit précédemment la sage-femme est la spécialiste de la physiologie de la grossesse et de l’accouchement donc est autonome. En revanche, les échographies sont réalisées par le gynécologue. Le médecin est le spécialiste de la pathologie et bien évidemment si la grossesse se complique d’une pathologie, le suivi est réalisé par le gynécologue. En réalité, ici, les gynécologues s’approprient le suivi prénatal laissant peu de place à la sage-femme. Lorsque celui-ci évoque la sage-femme à sa patiente, cela va être pour lui demander si elle a trouvé une sage-femme pour le Wochenbett? La sage-femme propose des consultations plus longues et vous accompagne dans votre grossesse en soulignant le fait que celle-ci est un événement de la vie normal. Notons aussi que les médecins spécialistes comme les gynécologues sont en pénurie. Et que des femmes de tous âges souffrant de problèmes gynécologiques doivent souvent attendre plusieurs mois avant d’avoir un premier rendez-vous. C’est pour moi, une aberration de l’organisation du système de soins. D’autant plus que des actes sages-femmes coûtent moins chers aux assurances et donc à la société.

La première victime est la femme, mère en devenir, femme enceinte, femme qui accouche, mère dans le post-partum, nouveau-né.
La sage-femme est la garante de la physiologie et accompagne de manière globale la femme dans cette expérience grandiose qu’est la maternité : préconceptionnel, suivi de grossesse, préparation à l’accouchement, accouchement, post-partum, allaitement, soins du bébé… 

Sans prétention, c’est la « société entière qui est entre nos mains ». En accompagnant une femme enceinte, on accompagne aussi un futur papa et son bébé. Le vécu psychologique de la grossesse a un impact sur le développement du foetus et son sentiment de sécurité. Le vécu de l’accouchement influence la relation et le lien d’attachement avec le bébé. Dénigrer les besoins du couple et de leur bébé amène à une instabilité sociale.

Quand chercher ? Dès le test positif de grossesse

Où ?

  • Allez sur le site « Hebammensuche Bayern »  www.hebammensuche.bayern
    Entrer votre code postal et si aucune sage-femme ne s’affiche, entrez un code postal aux alentours de chez vous. Vous pourrez voir les sages-femmes potentiellement disponibles, les services proposés et les langues parlées.
  • Contactez les Hebammen Praxis autour de chez vous. Les sages-femmes proposent des services variés allant dans le sens de la prise en charge globale de la maman. En évoquant une prise en charge globale, je fais référence à la considération médicale, physique, psychologique et émotionnelle de la patiente.
  • Allez visiter le site de l’association Mother Hood. Cette association existe depuis 2015 et s’est créée grâce à un groupement de femmes et mamans. C’est une association qui a un but d’information et millite pour le vécu serein de la grossesse, un accouchement en toute sécurité dans le respect du choix du lieu d’accouchement et l’accompagnement de l’enfant lors de la première année de vie. https://www.mother-hood.de/ueber-uns/der-verein.htm
  • Contactez l’association Heba Varia e.V qui essaie de répondre aux besoins des femmes n’ayant pas de sage-femme, surtout pendant la période du postpartum. Cette association est soutenue et financée par le ministère de la santé et de l’environnement de la ville de Munich et par des fonds du ministère bavarois de la santé et des soins. Les coordonnées sont les suivants : 08912191204, hebammenhotline@hebavaria.de, http://hebavaria.de/. Vous pouvez contacter cette association dès la 34ème semaine d’aménorrhée si vos recherches ont été infructieuses. Les visites à la maison sont réalisées les trois premières semaines après l’accouchement. Les sages-femmes sont salariées de l’association et travaillent par garde, ainsi vous aurez rarement la même sage-femme qui pourra se déplacer.

Quoi faire ? Décrochez votre téléphone, écrivez des mails, ne vous découragez pas au premier refus. Le soutien d’une sage-femme pendant toute la période de la grossesse, pendant l’accouchement et le postpartum est inestimable et toutes les femmes devraient en avoir le droit.  J’espère que cet article vous aidera dans vos recherche.

Laura, sage-femme