Nous devrions remercier notre placenta!

AprĂšs la fĂ©condation de l’ovocyte par le spermatozoide, les cellules se divisent, forment un Ɠuf et migrent pour s’implanter dans l’endomĂštre (muqueuse utĂ©rine). Progressivement, l’embryon se dĂ©veloppe ainsi que son placenta qui se connecte aux vaisseaux maternels et est aussi capable de fabriquer de nouveaux vaisseaux. Certains se prolongent et forment le cordon ombilical constituĂ© de deux artĂšres et une veine.

 

Le placenta ne provient pas du corps de la mĂšre mais a un comportement invasif. Il s’accroche Ă  un tissu maternel et se dĂ©veloppe comme un parasite qui vit au dĂ©pend de son hĂŽte. Ce comportement invasif est essentiel au dĂ©veloppement du fƓtus. Mais cela pose problĂšme lorsque l’oeuf ne migre pas correctement dans la cavitĂ© utĂ©rine et se dĂ©veloppe hors de l’utĂ©rus. On parle alors de grossesse extra-utĂ©rine.

Le placenta est pleinement fonctionnel Ă  partir de la 20Ăšme semaine d’amĂ©norrhĂ©e. Lorsque le placenta dysfonctionne, des pathologies spĂ©cifiques peuvent apparaĂźtre comme le diabĂšte gestationnel, la prééclampsie ou le retard de croissance intra-utĂ©rin (RCIU).
À terme, le placenta pĂšse 1/6Ăšme du bĂ©bĂ© donc en moyenne 500 grammes.
Il n’y a pas de contact direct entre le sang foetal et maternel. Le fƓtus est un corps Ă©tranger et le contact entre les deux sangs est dangereux. Par exemple, lors d’une chute, d’un accident ou mĂȘme d’un accouchement Ă  terme ou prĂ©coce (IVG, fausse couche), le risque de contact entre les deux sangs existe. C’est pour cela qu’on doit savoir le groupe sanguin de la mĂšre. Si elle est rhĂ©sus nĂ©gatif, il y a un risque d’incompatibilitĂ© rhĂ©sus. On essaie d’anticiper ce problĂšme via une injection d’un serum anti-D.

 

Le placenta est un super organe et permet de supplĂ©er l’immaturitĂ© des organes foetaux.

Il est à la fois :

  • un poumon (apport d’oxygĂšne et rejet de dioxyde de carbone)
  • un coeur (circulation du sang avec systĂšme de pompage et apport des nutriments)
  • un foie (le foie foetal produit des acides biliaires et des pigments biliaires mais est incapable de les Ă©liminer. Or ces substances si elles s’accumulent sont extrĂȘmement toxiques. Le placenta Ă©limine ses substances grĂące Ă  des enzymes dĂ©toxifiantes et des systĂšmes de transport spĂ©cifiques)
  • un rein (rĂŽle de filtration, rejet d’excĂšs de minĂ©raux…)
  • une glande endocrine (production de l’Hormone gonadotrophique chorionique connue sous le sigle d’HCG, l’hormone lactogĂšne placentaire, d’insuline, d’hormones de croissance, d’oestrogĂšnes, de la progestĂ©rone, specific pregnancy ß1 glycoprotein, PAPP-A ou pregnancy associate plasma protein A)
  • une barriĂšre contre certaines substances, micro-organismes, virus ou bactĂ©ries. La plupart des parasites et micro-organismes ne franchissent pas la placenta. Il existe quelques exceptions comme le toxoplasmose qui a plus de chance de passer au 3Ăšme trimestre, le flux sanguin augmentant. Les virus franchissent cette barriĂšre facilement comme par exemple la rubĂ©ole, le CMV ou le virus Zika. Le VIH contamine le fƓtus mais ne provoque pas de malformation. Certains mĂ©dicaments comme les sulfamidĂ©s et les antibiotiques traversent le placenta mĂȘme si la plupart des mĂ©dicaments sont arrĂȘtĂ©s. Le placenta rĂ©alise une prouesse. Il arrive, avec le fƓtus, Ă  se faire tolĂ©rer du systĂšme immunitaire maternel. Le placenta et le fƓtus sont pourtant des corps Ă©trangers car 50 % provient du pĂšre.

Le placenta renferme encore beaucoup de mystĂšres et est un des organes du corps humain le moins connu. Pourtant celui-ci a une influence sur la santĂ© d’une femme et de son enfant pendant la grossesse et jusqu’à la vie adulte.

Souvent, en salle d’accouchement, le placenta engendre du dĂ©goĂ»t et est Ă  peine regardĂ©. Et pourtant cet organe pourrait ĂȘtre traitĂ© avec respect. GrĂące Ă  toi, placenta, nos bĂ©bĂ©s arrivent Ă  naĂźtre Ă  terme et en bonne santĂ©.

En Allemagne, le placenta (Mutterkuchen) est la propriĂ©tĂ© des parents et ils peuvent le conserver s’ils le souhaitent. Certains fabriquent des capsules homĂ©opathiques ou le mangent. En revanche, les bĂ©nĂ©fices ne sont pas prouvĂ©s scientifiquement. Il existent de nombreux rituels dans le monde autour du placenta. En France et en Allemagne, jusqu’au XIXĂšme siĂšcle, il Ă©tait courrant d’enterrer le placenta et d’y planter un arbre fruitier. Dans certains pays, cette tradition perdure. Dans certaines cultures, le placenta peut ĂȘtre brĂ»lĂ© ou sĂ©chĂ© pour en faire des talismans.

Laura, sage-femme

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